La halle à marchandises.

Je n'ai pas encore parlé du correspondant SNCF, ce transporteur qui, à l'époque où la SNCF transportait encore des colis, était chargé de les livrer et de les collecter dans les environs de la gare. Au milieu des années cinquante, à Laventie le correspondant était le tenancier du Café du Grand Cheval Blanc, rue des Clinques (à cette époque) : il faisait sa tournée avec un « camion » sur pneus, remorque à quatre roues tirée par un cheval... blanc nommé Bijou.



La remorque bâchée (assez haute pour accoster aux quais de marchandises) n'avait qu'une ouverture à l'avant et le cheval, mené à la flamande avec un seul trait en cuir, réussissait toujours du premier coup à coller sa remorque contre le quai de la halle simplement guidé à la voix ! Dès que le train de desserte avait laissé le wagon chargé de colis dans la halle, le correspondant qui était passé en gare pour prendre les bordereaux, accostait à la halle puis chargeait les colis sur sa remorque. Il y avait déjà à cette époque un chariot transpalette qui servait à décharger du wagon des petits cadres métalliques servant à regrouper les colis par destinataires, le correspondant les laissant vides dans la halle car n'étant pas équipé pour les manutentionner. Puis il partait dans les rues du village pour livrer les colis. Dans l'après-midi, il faisait une autre tournée pour prendre les expéditions et arrivait à la gare avant le retour du train de desserte afin que l'homme d'équipe ait fini de charger le wagon. Il y avait à cette époque de nombreux ateliers de montage de chaussures (l'un d'eux, Berthier, travaillait pour les chaussures André); il y avait même un petit atelier, à côté de la gare, de fabrication de galoches (semelles en bois en dessus cuir !) avec deux employés, les deux associés, qui portaient eux mêmes leurs colis à la halle dans une vieille camionnette datant d'avant guerre. Quelques années plus tard, les colis ne sont plus arrivés par fer, c'est un camion de Lille (un camion bizarre d'ailleurs, c'était un petit semi-remorque dont le tracteur FAR était un tricycle!* ) qui les portait le matin et repassait les prendre le soir. Mais le correspondant était resté fidèle à son cheval. Une partie de la halle dont l'utilisation était devenue insuffisante avait été louée à un expéditeur de pommes de terres qui y avait installé une machine de tri, les sacs étant ainsi plus faciles à charger en wagon.