VOYAGES SCOLAIRES

 Retour

Le voyage scolaire a été pendant ma carrière d'enseignant une des occasions de faire partager à mes élèves ma passion des trains. Je fus aidé en cela par une équipe commerciale de la gare de Montauban qui menait une campagne efficace en direction des écoles : envoi de propositions de voyages en trains spéciaux tout compris (voyage, transferts en car, entrées diverses, etc.) J'avais convaincu mes collègues des avantages du train par rapport au car : meilleure sécurité, exactitude des horaires, trajet moins fatigant pour les enfants qui pouvaient se déplacer plus librement.

Le premier voyage eut lieu en 1973, bien modeste, de Valence d'Agen à Toulouse : mais j'avais plus de la moitié de mes élèves qui n'avaient jamais pris le train ! Voyage aller-retour à Toulouse en autorail X 2800 (rouge à cette époque !) et remorques unifiées.  Ce qui nous permit de récidiver un ou deux ans plus tard à Gavarnie. Là, l'affaire devenait plus sérieuse : un train spécial parti de Souillac nous avait pris à Montauban et transporté à Lourdes : je me souviens très bien de la rame, des voitures PO-Midi à rivets apparents, certaines à petites fenêtres, tirées par une 2D2 5500. Nous étions revenus au train avec mon collègue, fatigués des voyages en car et des nombreux enfants malades ; nous ne fûmes pas déçus : je fis la moitié du trajet aller à accompagner un de mes élèves au WC où il vomit tout ce qu'il avait dans l'estomac ! Au retour, je pus heureusement apprécier la performance de la 2D2 qui dédaigna l'aide des vieilles BB 4100 Midi pour escalader la rampe de Capvern.

En 1984, devenu directeur d'une petite école, j'emmenais toute l'école (élèves et parents) à Argelès sur mer : une voiture Corail et demie avait été réservée; des affichettes étaient collées sur les fenêtres : voiture réservée; les voyageurs qui ne les avaient pas respectées  l'ont regretté : l'un d'eux s'est entêté à rester au milieu de gamins qui au bout de quelques temps assis dans le train, ont besoin de se défouler : au début, je demandais aux enfants de se calmer, mais après tout, personne ne leur avait demandé de s'installer là. Il a même essayé de se plaindre : je lui ai montré les affichettes, il a quitté la voiture sans demander ses restes ! 

Au retour, le train qui devait nous prendre à Argelès avait du retard ; il arriva enfin après une demi-heure d'attente  : une "Vespa" tirant une rame de Bruhats. Je m'inquiétais pour la correspondance à Narbonne : qu'aurais-je fait avec 120 enfants et parents sur le quai de cette gare : c'était le dernier train ? A Perpignan, le train attendit encore la correspondance d'un train descendant de Villefranche de Conflent bondé d'enfants; Un des parents accompagnateur, cheminot, qui m'avait d'ailleurs aidé à monter le voyage, glissa un petit mot au chef de service de Port la Nouvelle pour qu'il prévienne la gare de Narbonne de notre présence. Mais, plus tard dans la soirée, il m'avoua que cette démarche aurait eu peu de chance d'aboutir, le train que nous devions attraper étant le Nice-Quimper. Avant l'arrivée à Narbonne, nous avions calculé que c'était jouable : tout était prêt pour une correspondance ultrarapide ; chacun était responsable d'un groupe, d'autres étaient chargés d'ouvrir le chemin vers le quai... Les souterrains de Narbonne ne sont pas très larges. Ce ne fut pas nécessaire, un agent nous attendait sur le quai et nous informa que notre train était immobilisé : la locomotive était en panne, on était en train de la changer ! Nous eûmes tout le temps de gagner nos places réservées. A l'arrivée dans notre village, autre défi : j'avais payé un supplément de 300 F pour faire arrêter le train dans notre petite gare de campagne, mais le mécanicien peu habitué à cet arrêt manqua le quai bien sûr trop court : la descente dura dix minutes !

Pendant deux ans,  nous partîmes à Agde, avec toujours le retour, à 22h par le même train : mais la dernière fois, pendant le long arrêt en gare de Toulouse, j'étais allé voir le conducteur, lui avais expliqué dans quelle voiture nous étions et quels repères il devait prendre pour bien s'arrêter; ce qui fut fait avce professionalisme.

La dernière année dans ce village, je partis seul, avec un groupe d'une douzaine d'élèves à Gavarnie, par train spécial. Le train, une RRR (rame réversible régionale), venu de Toulouse, passait devant nous, faisait demi-tour à Valence d'Agen pour revenir nous prendre en premier ; sa marche était tracée avant le premier TGV pour Paris. Le TGV passa le premier en klaxonnant abondamment; le conducteur faisant des signes que nous ne comprîmes point. L'explication arriva avec notre train une bonne demi-heure plus tard : le conducteur du TGV devait conduire en fait notre train mais avait été réquisitionné au dernier moment car le conducteur initialement prévu pour le TGV étant absent ! On avait donc réquisitionné un cadre traction pour assurer l'aller-retour Toulouse-Agen. 

Un train spécial formé avec une RRR ou une Z2 était intéressant car l'agent commercial qui organisait le voyage venait chercher des petits groupes et nous conduisait dans la cabine de conduite : j'ai gardé précieusement quelques vidéos de ces instants. Le dernier voyage scolaire que j'organisais fut le plus important : une école entière de sept classes, il fallut 3 voitures pour nous contenir ! voir la vidéo ICI

Retour